Les pièges du crédit à la consommation

Moins d’un tiers des ménages français a recours au crédit à la consommation. Que ce soit pour financer un voyage, un mariage ou l’achat d’un véhicule. Bien qu’il est facile de se laisser tenter par une petite avance de trésorerie tout en remboursant « un peu » maintenant (mais beaucoup plus sur le long terme), il y a un certain nombre de pièges à éviter avec le crédit à la consommation. On pense avant tout à faire attention à ce que le taux d’intérêt ne soit pas trop important. Mais en réalité, il n’y a pas que ça à considérer. On vous explique ce qu’il faut savoir pour éviter les pièges du crédit à la consommation et comment en sortir.

Acheter du vent avec un crédit à la consommation.

Si l’on contracte un prêt à la consommation, c’est probablement pour dépenser de l’argent qu’on n’a pas. Sauf si c’est pour le placer à un taux plus intéressant que les intérêts du crédit. Mais ça, c’est une autre histoire. Alors il faut, au moins, faire attention à ce qu’on achète. Il est préférable de faire un emprunt à la consommation pour acheter un bien tangible qui conservera à minima sa valeur d’achat. Si jamais votre situation se dégrade alors vous pourrez toujours vendre ce que vous avez acheté pour rembourser une partie (idéalement la totalité) de votre emprunt.

Autres exemples, faire un emprunt pour refaire une vieille salle de bain : Pourquoi pas. Ça permet de valoriser son bien immobilier tout en profitant d’un gain de modernité. La valeur d’achat est transférée sur la valeur du bien immobilier. En revanche, acheter des meubles pour changer la décoration de son salon n’est pas peut-être la chose la plus pertinente à faire avec un crédit conso. Il est très probable que vos meubles perdent de la valeur avec le temps.

Les voyages, les mariages, ou les emprunts pour combler un découvert n’ont quant à eux aucun « bien matériel » associé. Difficile de revendre son voyage pour rembourser son emprunt. Ce n’est par conséquent que de la dette que vous allez vous coltiner pendant un certain temps sans avoir aucune chance de le rembourser si ce n’est attendre que le temps passe. Une exception tout de même pour les études. Si vous avez besoin d’argent pour payer votre école qui vous permettra (en théorie) d’avoir un travail (toujours en théorie) bien payé alors un emprunt peut être envisageable.

La voiture est un cas un peu particulier. Même si en réalité c’est un passif et que vous devriez l’acheter cash. Si vous ne savez pas ce qu’est un passif (à la différence d’un actif) alors, rendez-vous sur cet article qui explique la différence entre un actif et un passif. Il y a très peu de gens qui peuvent se permettre, aujourd’hui, d’acheter une voiture « cash » alors si vous devez avoir recours à un emprunt assurez-vous de faire en sorte que si vous vendiez votre voiture vous pouvez rembourser une bonne partie (idéalement la totalité) de votre emprunt.

Emprunter trop et étaler son emprunt dans le temps

Deux pièges en un. Il est très facile de prendre un peu plus que nécessaire pour avoir un peu plus d’argent avec un prêt à la consommation. De même qu’il est très tentant de choisir les mensualités les plus basses afin de ne pas trop sentir le poids de sa mensualité. Problème, plus les remboursements sont longs, plus le taux d’intérêt est important. De même, plus les mensualités sont basses, moins vous remboursez de capital.

Pour rappel, le capital est la somme que vous avez empruntée. Les intérêts se rajoutent en plus et ne contribuent pas au remboursement du capital. A ça vient très souvent s’ajouter une assurance dont nous aurons l’occasion de discuter plus tard. En bref :

Mensualité de remboursement = Capital + Intérêt + Assurance.

Donc, plus vous empruntez longtemps et avec des mensualités basses moins vous remboursez efficacement votre crédit et donc vous vous coltinez encore une dette sur le long terme. Ce qui veut dire que même si ça fait plusieurs années que vous remboursez votre crédit, vous pourriez être vraiment surpris par le montant qu’il vous reste à payer pour rembourser intégralement votre emprunt. La faute aux intérêts (et à l’assurance).

Avoir une assurance trop chère.

Lorsque vous faites un emprunt à la consommation, l’organisme prêteur vous propose une assurance. Cette assurance emprunteur n’est pas obligatoire. Mais elle est « fortement » recommandée par l’organisme prêteur et son coût varie selon votre situation. Comme disait Coluche

Un crédit à long terme, ça veut dire que moins tu peux payer, plus tu payes.

Coluche

Autrement dit, si vous avez une situation déjà délicate alors il est fort à parier que votre assurance sera coûteuse.

L’assurance provoque un deuxième effet « kiss-cool ». Plus votre assurance est importante et moins vous remboursez de capital dans vos mensualités. Par conséquent le remboursement de l’emprunt sera plus long et donc le taux d’intérêt sera lui aussi plus élevé. En bref, faites très attention aux assurances. Et encore une fois, elles ne sont pas obligatoires pour les prêts à la consommation.

Faire des regroupements d’emprunts et ne plus s’en sortir

Les pièges du crédit à la consommation
Les pièges du crédit à la consommation.

Voici un exemple concret de comment le piège de l’emprunt à la consommation peut se refermer sur vous-même avec le cas d’un lecteur. Pour vous donner le contexte. L’emprunteur a fait plusieurs prêts à la consommation pour s’acheter des passifs qui se sont accumulés au fil du temps. Afin de se simplifier la vie, il a fait un regroupement de prêts pour n’avoir qu’une seule mensualité. Il n’y a donc aucun actif tangible derrière cet emprunt. C’est du vent. Voyons en détail ce qu’il y a à voir sur cet échéancier.

Le taux d’intérêt (TAEG) : 5,80%, c’est plutôt élevé et même pour un regroupement de crédit à la consommation (dont le taux est plus élevé qu’un emprunt à la consommation classique). À ce jour, un taux pour les regroupements de prêts oscillent entre 4.5 et 5.5% donc l’emprunteur n’a pas bien comparé les offres. Ou alors il était déjà dans une situation compliqué ce qui fait que seul cet organisme de prêt à voulu lui prêter à un taux très peu avantageux.

La durée et le montant du crédit : 108 mois ou 9 ans de crédit pour rembourser 14 000 euros. C’est beaucoup trop. À la fois en tant que somme d’argent et à la fois en tant que durée. En 9 ans, il peut se passer tout un tas d’évènements qui pourrait empêcher le bon remboursement du crédit. Le pire des cas serait de reprendre un crédit pour pouvoir rembourser ce crédit. Quant à la somme. 14 000 euros, on pourrait penser qu’il s’agit d’une voiture ou des travaux importants. En réalité, il s’agit simplement de petits emprunts qui n’ont jamais été complétement remboursés et qui ont été accumulés pour donner une somme rondelette à la fin. Et puis encore une fois, on emprunte 14 000 €, mais on en rembourse 19 857,96 €.

La part de capital remboursé et l’assurance : En regardant la première ligne, nous pouvons voir : 108,55 € de capital remboursé 57,12 € d’intérêt pour une mensualité de 183,87 €. L’oeil averti remarquera que 108,55€ + 57,12 € ne font pas 183,87€, mais plutôt 165,67 €. Il y a donc 18,20€ d’assurance emprunter à rajouter pour obtenir la mensualité. C’est-à-dire que près de la moitié (75,32 €) de la mensualité ne rembourse pas l’emprunt. C’est ce qui va faire trainer considérablement cet emprunt dans le temps et qui le rend si difficile à rembourser. Même si au fil du temps la part d’intérêt diminue au profit du montant de capital remboursé, dans quelques années le capital restant dû restera conséquent. Autrement dit difficilement remboursable pour les petits salaires.

C’est le cumul de ces erreurs qui peut rendre la situation ingérable.

Comment se sortir du crédit à la consommation

Voici quelques pistes de réflexion pour essayer de vous en sortir si vous avez contracté des crédits à la consommation et que vous avez du mal à vous en débarrasser.

  • Vérifier le TAEG. Plus il est élevé, moins c’est bon. Comparez les offres. Vérifier le taux d’usure, c’est-à-dire le taux légal maximum que l’organisme emprunteur peut pratiquer. Le TAEG ne peut pas dépasser le taux d’usure.
  • Ne faites pas d’autres crédits à la consommation pour rembourser votre crédit à la consommation. Ça ne fait qu’empirer la situation.
  • Essayez de rembourser votre crédit en avance, mais attention aux pénalités de remboursement anticipé. Si vous avez une somme d’argent de côté et que son utilisation ne vous met pas en danger (épargne de précaution). Alors, vous pouvez l’utiliser pour rembourser votre emprunt. Il ne faut juste pas le laisser s’étaler dans le temps.
  • Renégocier le taux du crédit par votre organisme préteur ou par une autre banque. Mais uniquement si le TAEG est plus intéressant que votre précédent prêt. Ça va de soi.

Un mot sur les cartes de fidélités et les crédits renouvelables.

Jusqu’à présent, nous avons décrit le type de crédit à la consommation dit amortissable. Vous remboursez mensuellement votre emprunt avec des intérêts selon un planning défini à l’avance. Mais il existe un autre type de crédit à la consommation, le crédit renouvelable ou « revolving ». C’est ce type de crédit que l’on retrouve derrière les cartes de fidélités de certaines enseignes.

Avec ce type de crédit, vous avez une réserve d’argent toujours disponible que vous pouvez consommer facilement et que vous rechargez au fur et à mesure de vos remboursements. Problème, les mensualités ne sont pas connues à l’avance (parce qu’on ne sait pas à l’avance combien vous allez dépenser) et les taux d’intérêt sont plus élevés que les crédits à la consommation classique et proche du taux d’usure (autrement dit proche du maximum légal). De plus, l’organisme peut préteur peut cette fois vous demandé d’être assuré (mais vous avez le choix de l’assurance).

Il n’est parfois pas évident de comprendre qu’on a affaire à ce type de produit. Par exemple, certaines cartes de fidélités de la grande distribution vous proposant de payer en plusieurs fois sont en réalités adossées à un prêt renouvelable. Vous débloquez de l’argent au fur et à mesure et vous le remboursez avec des intérêts allant de 15 à 20%. Ce type de produit n’est pas compatible avec une bonne hygiène financière. Le crédit renouvelable représente 20 % des crédits à la consommation mais 85 % des cas de surendettement.

En résumé

Si votre objectif est de devenir indépendant financièrement (ou simplement si vous voulez avoir une bonne hygiène financière) alors, bannissez les crédits à la consommation inutile. Le crédit à la consommation peut dépanner, mais il ne faut certainement pas en abuser au risque de se retrouver dans une situation qui risquerait de devenir ingérable et/ou il vous faudra plusieurs années pour en sortir.

Photo par Amy Humphries sur Unsplash

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